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Comment j'écris mes romans

Par Marie-Christine Chartier

Je suis choyée, en tant qu’autrice, parce que je reçois souvent des rétroactions de la part de mes lecteur.rice.s . J’adore ce partage, j’aime lire leurs commentaires et comprendre ce qui les a amenés à s’identifier à l’un ou l’autre de mes personnages. On me pose également beaucoup de questions. Celle que je reçois le plus souvent : Comment tu fais pour écrire tes livres? Cette interrogation a généralement plusieurs déclinaisons : quel est ton processus de rédaction, comment fais-tu pour commencer une histoire, comment fais-tu pour arriver à faire durer une histoire? Malgré ses différentes versions, la question demeure somme toute la même : comment as-tu fait pour écrire un livre?

J’ai décidé d’y répondre, une fois pour toutes!

Juste écrire Premièrement, écrire. Ça sonne simple, ça sonne basic, vous me direz : « Mais Marie-Christine, c’est l’évidence même! »

Je sais. Et pourtant! Ça semble souvent être à la racine du problème de beaucoup d’écrivain.e.s en herbe. Je comprends pourquoi : c’est tellement facile de se perdre dans le dédale de questions qui mènent à l’écriture, et ainsi reporter le moment où on s’assoit à notre ordinateur et que l’on s’y met. Sauf que pour écrire un livre, il faut en premier lieu, écrire. Après, le processus appartient à chacun. Personnellement, je suis une grande fan de la technique : je garroche tout sur papier et je révise ensuite. Je crois que la rédaction d’un premier jet devrait être quelque chose d’urgent, passionné, nécessaire. C’est le temps d’être brouillon, d’oublier qu’on a déjà utilisé un prénom ou une formulation, c’est le temps de mettre la base de ce qui deviendra un roman et qui peut-être ne se ressemblera plus du tout, mais il faut passer par cette étape, pour en arriver un jour à avoir un manuscrit dont on est fièr.e. Les nombreuses versions d’un manuscrit L’une des choses que j’ignorais quand je suis entrée dans le monde de l’édition, c’était combien un roman évolue, change et s’améliore au fil de son processus éditorial. Avant d’atteindre la tablette de votre librairie préférée, un roman connaitra de multiples versions : V1, V2, V10… Et ce n’est pas tout! Il y a ensuite la correction, les maquettes, et une autre relecture. Voilà pourquoi je conseille toujours de vraiment se laisser libre d’écrire passionnément dans notre première version. C’est le moment d’avoir du fun. Bien sûr, vous voudrez envoyer un manuscrit peaufiné, corrigé, et ordonné à un éditeur, mais la première version, c’est votre version plaisir : c’est là que toute la création se met en branle, sans limites, sans jugement, sans peur de faire des erreurs, sans retour en arrière pour regarder les fautes. Un secret bien gardé : au tout début d’une histoire, on peut s’en foutre des fautes! Elles finiront par disparaître, vous leur porterez attention plus tard. Dans la V1, c’est le temps d’avoir un pur plaisir de création, de trouver l’essence des personnages, du message que votre histoire veut porter. En toute honnêteté, je suis d’avis que les deux premières versions d’un manuscrit sont les plus plaisantes à rédiger. Je jalouse ce processus, je m’en ennuie beaucoup, quand vient le temps de relire l’histoire pour ce qui semble être la centième fois. La V1 est ma préférée parce que c’est celle où on se permet de créer sans contrainte. Elle est suivie dans ce palmarès de la V2, celle qui nous donne la chance de revenir sur tous ces tracés, de les parfaire, de les sceller. Lors de la réécriture, l’histoire prend vraiment sa forme plus rigide. Mais profitez pleinement de ces deux premières étapes cruciales : c’est mon conseil parce que mon Dieu que ça passe vite!

Chaque chose en son temps Après des années à discuter avec des gens qui désirent écrire un roman, le départ semble être l’étape la plus difficile. Parce que c’est facile de penser qu’il faut complètement établir nos personnages avant d’écrire, avoir une ligne toute tracée, savoir notre public cible ou même chez quelle maison d’édition on aimerait être publié.e. La réalité, c’est qu’il est aussi important de permettre à son histoire d’évoluer, de changer, de grandir. Une fois que vous aurez une V1, et puis une V2, alors il devient plus pertinent de s’attarder sur les questions de structure, de personnage et même d’édition.


Faites-vous confiance Il est tentant de se comparer, de regarder ce qui est publié, de trouver les forces de tel ou telle auteur.trice. Sauf que la beauté du milieu littéraire, c’est qu’il y a de la place pour toutes sortes d’histoires, toutes sortes de points de vue et que chaque auteur.trice peut avoir sa couleur personnelle. Il faut se donner la liberté d’explorer des univers qui prennent naissance dans nos têtes. Faites confiance à votre plume, à vos idées et surtout… écrivez. Là, là. Maintenant. Go, on écrit!

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